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APPEL A COMMUNICATION : le IIIè siècle au XXIè siècle

par Delphine Levee - publié le

Appel à communications

Colloque : Le IIIè siècle au XXIè siècle

Université Le Havre Normandie et Université de Rouen Normandie, 11 et 12 mars 2020

L’histoire de l’Empire romain au IIIe siècle – envisagé dans des bornes restreintes, entre 235 et 284, ou resitué dans une chronologie plus longue, des derniers Antonins à Constantin – n’a pas fini de susciter de nouvelles questions, qui imposent de mettre à jour les synthèses parues il y a déjà plus d’une décennie (notamment les travaux de Michel Christol et les volumes dirigés par Klaus-Peter Johne, Udo Hartmann et Thomas Gerhardt). La notion traditionnelle de « crise » se décline désormais au pluriel et avec des nuances, en fonction de la diversité des contextes, comme l’ont par exemple montré les contributions réunies dans le volume dirigé par Marie-Henriette Quet en 2006. Malgré tout, le modèle interprétatif d’une lente « transformation » du monde romain peine encore parfois à supplanter les anciens schémas, surtout dans la perspective d’une histoire politique et militaire incontestablement agitée.

Le corpus des sources à disposition de l’historien s’est récemment enrichi de manière spectaculaire. Les fragments inédits attribués aux Scythica de Dexippe, retrouvés dans un manuscrit palimpseste de Vienne, sont l’une des plus importantes de ces découvertes, éclairant d’un jour nouveau, par un témoignage contemporain, les années centrales du iiie siècle. L’archéologie n’est pas en reste. Des fouilles récentes en Bulgarie ont mis au jour le champ de bataille d’Abritus, théâtre de la mort de l’empereur Trajan Dèce. De nouvelles inscriptions et de nouveaux papyrus viennent régulièrement confirmer, contredire ou nuancer des hypothèses parfois anciennes. Ce renouvellement de la documentation invite à relire d’autres sources connues depuis longtemps. On appréhende mieux, aujourd’hui, la tradition littéraire, complexe et souvent fragmentaire, issue de Dexippe, du Continuateur de Cassius Dion, ou de l’insaisissable Kaisergeschichte. L’Histoire Auguste, l’une des pièces maîtresses de ce puzzle, continue de susciter une bibliographie abondante – même s’il ne faut pas pour autant négliger les abréviateurs latins et les chroniqueurs byzantins. Afin d’éviter tout déterminisme, cette historiographie ayant contribué à construire l’image d’un siècle de fer doit sans cesse être mise en regard des sources documentaires produites par les contemporains. Les textes juridiques, les inscriptions, les monnaies impériales et provinciales, témoignent tant des discours que des actes du pouvoir face aux crises successives. La nécessité de toujours mieux cerner le périmètre de ces crises et de leur retentissement ne rend pas obsolète, bien au contraire, les études centrées sur certains règnes ou événements, venant nourrir une histoire politique renouvelée, attentive aux capacités d’action de chaque acteur, et mettant en lumière les procédés de mise en récit qui conduisent à adopter un point de vue plutôt qu’un autre. Ainsi, il ne s’agit plus aujourd’hui d’opposer radicalement empereurs « légitimes » et « usurpateurs », mais bien de tenir compte des potentialités réelles qui pouvaient s’offrir aux meneurs de révoltes et auteurs de coups d’État. De même, les barbares, qu’il s’agisse des ligues germaniques ou de l’empire perse, doivent eux aussi être considérés comme des acteurs à part entière de cette histoire, dont le rôle fut déterminé tant par leurs évolutions internes que par leurs confrontations avec Rome.

Si l’approche politique reste fondamentale pour la compréhension du iiie siècle, il faut aussi laisser une place à l’étude des transformations sociales et culturelles. Que révèle la documentation, littéraire et matérielle, des capacités d’adaptation et de résilience des sociétés provinciales ? Comment la société romaine fit-elle face aux malheurs du temps ? Si les structures sociales évoluèrent sans bouleversement majeur, c’est l’évolution des mentalités et des représentations du monde qui est souvent mise en avant : de nouvelles conceptions philosophiques et religieuses auraient permis de surmonter la crise morale. Les hommes cherchaient le soutien des dieux, face à des problèmes qui n’étaient pas que terrestres. La récente synthèse de Kyle Harper, reléguant les vicissitudes politiques au second plan, redonne ainsi toute leur place aux transformations climatiques et aux épidémies, en particulier à la « peste de Cyprien » qui décima la population de l’Empire au milieu du iiie siècle. La mise en lumière du rôle de ces forces naturelles incomprises des Romains donne un sens nouveau à l’expression de « Weltkrise » employée naguère par Andreas Alföldi pour désigner la période. Au-delà des préoccupations contemporaines que reflète ce type d’approche, la nécessaire perspective du temps long qui en découle amène alors à s’interroger, à nouveaux frais, sur la place du iiie siècle entre le Haut-Empire et l’Antiquité tardive.

Afin de faire le point sur ces questions et de proposer un bilan à jour des recherches en cours sur l’Empire romain au iiie siècle ap. J.-C., ce colloque vise à réunir jeunes chercheurs et savants plus confirmés pour échanger autour des axes suivants (liste non limitative) :

 Historiographie, antique et moderne, de la « crise » ;

 Études de nouveaux documents ou relectures de sources connues depuis longtemps ;

 Études de règnes ou d’événements particuliers et de leurs représentations ;

 Études de cas locales ou régionales ;

 Impact de la « crise » sur les sociétés ;

 Jeux d’échelles, de l’individu au global.

Les propositions de communication, de 1500 à 2500 caractères espaces compris, sont à envoyer, accompagnées d’un court CV, avant le 30 septembre à maxime.emion@univ-lehavre.fr.

Comité scientifique : Jean-Noël Castorio, Pierre Cosme, Maxime Emion.