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Après l’effondrement : quels devenirs pour les anciens bassins industriels ?

par Delphine Levee - publié le , mis à jour le

Journée d’études labellisée PRSH dans le cadre de son appel à émergence de projets 2020

16 mars 2020

Salle Madeleine de Scudéry au PRSH

Les bassins industriels ont constitué des agencements territoriaux, techniques et sociaux caractéristiques de la révolution industrielle en Europe. Leur déclin, pour certains amorcés avant la Seconde Guerre mondiale, fut l’un des marqueurs de l’entrée des sociétés industrielles dans une crise de longue durée. De nombreux travaux, notamment d’histoire sociale, ont été consacrés à l’évolution de ces bassins et de leurs modes de vie, à leur sociologie politique, ou encore aux conséquences des restructurations et du chômage de longue durée sur leurs habitants.
Après l’effondrement économique, social et environnemental de ces territoires, une série de concepts ont été mobilisés pour penser leur situation présente et leurs devenirs, qui ont en commun d’insister sur un retour vers un équilibre passé ou sur la création de boucles. Qu’il s’agisse de décrire des processus généraux (restructuration, reconversion, requalification, revalorisation, relocalisation, etc.) ou des activités spécifiques (recyclage, récupération, rénovation, réhabilitation, etc.), les termes en « re » sont omniprésents, tant dans les discours savants que dans les justifications des politiques expérimentées dans ces territoires. En instituant une coupure entre un passé idéalisé et des changements présentés comme nécessaires pour sortir de la crise, ces concepts contribuent à déshistoriciser ces bassins et empêchent de penser leurs trajectoires diversifiées. Ces multiples tentatives de reprises masquent aussi des tensions qui restent peu explorées :
1/ global/local : à l’encontre de l’image d’un monde clos resté à l’écart de la mondialisation, les bassins industriels ont toujours été ouverts aux échanges, accueillant des migrations et circulations de bassins à bassins : le global ne fait pas irruption dans un site idéalement replié sur lui-même. Les appels à la relocalisation alimentaire font aussi oublier la présence ancienne de l’agriculture et de l’autoconsommation. Comment penser l’articulation entre ces différentes échelles, hier et aujourd’hui ?
2/ salariat/bénévolat : le chômage de longue durée qui s’est installé dans ces territoires masque la diversité des situations d’emploi vécues par ses habitants, marquées par un continuum entre le travail salarié et le travail de subsistance, mais aussi par la participation à des associations comme conditions de l’aide sociale ou de l’insertion culturelle. Ces activités dessinent-elles les contours d’un nouveau rapport salarial ?
3/ mobilité/ancrage : la fixité des habitants est l’une ces causes avancées de la persistance du chômage dans ces territoires. Leurs habitants sont pourtant de plus en plus mobiles, contraints de chercher des emplois toujours plus loin de leur domicile. L’ancien bassin industriel sert ainsi de base vie, les mobilités et les immobilités peuvent s’articuler. De nouvelles activités logistiques ou énergétiques (éolien) s’y implantent, comme des ilots fragmentant ces espaces. Comment s’y inventent d’autres rapports à l’espace et aux mobilités ?
4/ mono activité/pluriactivité : la saisonnalité de l’emploi, le recours au temps partiel dans la logistique et l’intérim supposent souvent une pluriactivité qui s’oppose à l’ancien modèle du CDI et de la spécialisation industrielle de ces zones, mais qui n’est pas non plus une nouveauté dans l’histoire longue des bassins. Dans quelle mesure le travail de subsistance et le bénévolat concourent ils aussi à ces temporalités et à la possibilité de ces nouvelles implantations ?
La journée se déroulera en explorant quatre thèmes : le travail de subsistance, l’alimentation et l’agriculture dans les anciens bassins industriels, les équipements culturels et les investissements liés à la filière logistique. Elle se prolongera avec la table ronde organisée par L’Université Populaire autour du livre sur Denain de Vincent Jarousseau, les racines de la colère, en clôture de l’exposition de ses photographies à la BU. Puis par une projection sur l’architecture des bidonvilles, organisée par Territoires Pionniers et Échelle Inconnue.

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